Masturbation guidée. Hypnose érotique. Deux expressions qui, pour certain-es, évoquent l’exploration sensuelle, le plaisir solitaire, la découverte et la relaxation autour de son corps… et pour d’autres, un mystère total, voire même une aberration qui provoque du dégout (souvent feint par ignorance…).
On peut penser, avant d’avoir tenté l’expérience, qu’il s’agit simplement de “se masturber avec une voix sexy dans les oreilles”. Mais en réalité, c’est bien plus subtil et parfois bien plus profond! Dans le sens subjectif du terme, mais pas que…
L’hypnose érotique ne sert pas uniquement à provoquer le désir ou à intensifier l’orgasme. A mon sens, elle ouvre un espace. Un espace intérieur, intime, où l’on peut se redécouvrir, s’explorer, s’écouter. Elle permet parfois de ralentir, de se désapprendre, de sortir de l’automatisme du plaisir rapide pour aller vers quelque chose de plus incarné.
Se masturber sous hypnose même les plaisirs du corps, à des plaisirs mentaux – énergétiques – qui s’harmonise alors parfaitement.
Alors, après avoir posé ça là, on peut se poser ces quelques questions :
- À quoi sert réellement la masturbation dans ce contexte ?
- Est-ce l’hypnose érotique sert toujours uniquement à se masturber ?
- Pourquoi certaines personnes préfèrent-elles une séance lente, guidée, immersive… à un plaisir express sous la douche ?
- Et que peuvent en retirer aussi bien les femmes que les hommes, que les tout-es ?
Je vais tenter de creuser dans cet article, le lien intime que je sens exister entre masturbation guidée et état hypnotique, pour mieux comprendre comment, et pourquoi, ces pratiques se répondent, se renforcent… et parfois transforment profondément la manière dont on vit son propre plaisir.
🌀 L’hypnose érotique est-elle faite uniquement pour se masturber ?
Non. Mais souvent… oui.
À l’origine, l’hypnose, dans sa forme la plus classique, n’a jamais été conçue pour le plaisir sexuel, même si son utilisation sur la sexualité était connue et reconnue (ex : Charcot et les « hystériques »). L’hypnose apparaît dans les écrits dès l’Antiquité, sous forme de transe rituelle, de sommeil magnétique, de catalepsie sacrée. Les chamans, les prêtres égyptiens, les guérisseurs grecs (notamment autour d’Asclépios) savaient déjà que d’aller vers ce glissement permettait de déverrouiller des zones du corps et de l’âme. Mais la sexualité, elle, était souvent soit taboue, soit sacralisée, rarement abordée de façon directe dans ces pratiques.
Ce n’est qu’au XIXe siècle, avec Franz Anton Mesmer et surtout avec les travaux de Charcot, puis de Freud, que l’hypnose commence à être observée scientifiquement. On découvre qu’en état de transe, les règles habituelles du corps, du langage, de l’inhibition sexuelle peuvent se suspendre. Freud abandonnera l’hypnose pour la psychanalyse, pour ensuite y revenir, mais gardera cette intuition : l’inconscient est sexuel. Il ne dort jamais, et dans la transe, il se manifeste plus librement.
📚 L’hypnose érotique : sexualisation tardive… mais logique
L’usage érotique de l’hypnose apparaît discrètement au XXe siècle dans certains récits fétichistes, littératures érotiques underground, et plus tard dans les fantasmes BDSM. Il ne s’agit pas seulement de jouer à “je t’endors pour te dominer” : très vite, l’idée que le plaisir sexuel pouvait être augmenté, modelé, dirigé mentalement prend racine. Dans les années 2000, avec l’arrivée d’internet et de l’audio, on voit apparaître les premiers fichiers d’« hypno-porn », puis des communautés entières (comme sur Reddit, Tumblr, HypnoHub…) dédiées à ces pratiques, tantôt ludiques, tantôt très immersives. Et enfin, moi et XbySonia…
Et le lien avec la masturbation dans tout ça ? Elle s’est invitée presque naturellement, mais elle n’est pas centrale. Et cela est important! Beaucoup d’audio d’hypnose érotique n’ont aucune incitation explicite au toucher. Certaines visent le mental uniquement, l’éveil sensoriel, la soumission, la transformation de soi, le jeu de rôle, aller dans la frustration pour ressentir pleinement et jouer avec les sensations, sans que l’orgasme soit nécessaire. Mais…
💧 … le corps suit
Scientifiquement, on sait que la transe modifie le rapport au temps, au toucher, aux sensations internes. Des études sur les EEG de sujets sous hypnose montrent une activité cérébrale propre aux états de flux, semblables à la méditation profonde ou aux rêves lucides. Cela signifie que les sensations corporelles sont amplifiées, les résistances abaissées. Dans ce contexte, la masturbation devient souvent une réponse naturelle au plaisir déclenché : elle est une expression, pas une obligation.
Pour de nombreux adeptes, le plaisir vient d’ailleurs seul, sans contact. Un orgasme du corps, un orgasme énergétique, le mélange des deux, une autre forme de jouissance ? Parfois tout cela selon la transe, le moment… Car finalement, la fin a-t-elle de l’importance ?
“Je pensais que ce serait juste de la relaxation… mais à peine quelques minutes après, mon corps a commencé à pulser tout seul. Comme si j’avais une main invisible sur moi.”
Témoignage anonyme, Discord
Certain-es auditeur-ices utilisent l’HE sans jamais se masturber, préférant ressentir les effets émotionnels ou énergétiques. ou se mettre en condition avant de retrouver leur partenaire. D’autres recherchent précisément l’orgasme hypnotique (souvent appelé hands-free orgasm ou mind-induced climax), sans contact physique, uniquement par stimulation mentale.
🎭 Hypnose et fantasmes : un théâtre intérieur
La masturbation peut être vue ici comme le prolongement d’un fantasme vécu intensément. La voix de l’hypnotiseur devient un personnage, un-e Domme, un amant, un alter ego. Le corps ne fait que réagir à un script mental. Comme au théâtre, on suspend son incrédulité, on entre dans le rôle. Et parfois, le corps jouit, pas seulement de plaisir génital, mais de lâcher-prise total.
En psychanalyse, on pourrait dire que l’hypnose érotique met en scène le “ça” (pulsion), qui s’adresse au “moi” (le sujet qui se laisse guider), et parfois contourne le “surmoi” (les interdits) en douceur. Dans cet espace, la masturbation devient un dialogue, non plus une fuite ou un automatisme.
✅ En résumé :
L’hypnose érotique n’est pas faite originellement pour se masturber… mais elle crée un terrain fertile où la masturbation peut devenir plus intense, plus consciente, plus immersive. Elle peut même exister sans elle, tout comme on peut jouir mentalement sans toucher son corps.
Et c’est là toute sa richesse : elle ne prescrit rien. Elle offre un espace qui se veut libre, unique et personnel, mouvant, et souvent révélateur.
✋ La masturbation : rapide décharge ou rituel intime ?
Dans nos sociétés contemporaines, la masturbation est souvent abordée comme un acte fonctionnel encore toujours tabou : un soulagement rapide, une manière d’évacuer la tension sexuelle, de se détendre avant de dormir ou de canaliser une frustration. Ce n’est pas “mal” en soi. Mais c’est souvent automatisé, furtif, mécanique. Un geste presque oublié avant même d’être terminé, comme se moucher, aller aux toilettes, ou se couper les ongles des pieds. On le fait, mais chut…
“J’ai appris à me toucher comme on éteint une alarme : sans émotion, juste pour que ça s’arrête.”
Luc, 31 ans
🕰️ Petite histoire de la masturbation, chargée de honte et d’ambivalence
La masturbation a longtemps été dévalorisée culturellement. Dans l’Europe chrétienne, elle était dénoncée comme “péché solitaire” et associée à la perte d’énergie vitale (cf. les théories d’Onan dans la Bible). Jusqu’au XIXe siècle, on lui attribuait des effets néfastes (folie, cécité, stérilité), notamment à travers les traités pseudo-scientifiques comme le célèbre Onania (1712). La médecine du XIXe siècle allait jusqu’à prescrire des mutilations ou des dispositifs de torture pour décourager les jeunes gens de se masturber.
La psychanalyse, au XXe siècle, commence à la réhabiliter. Freud considère la masturbation chez les plus jeunes comme une étape naturelle du développement, plus sensorielle que sexuelle, même si, pour lui, l’adulte est supposé “sublimer” ses pulsions dans des relations. Plus tard, des penseurs comme Wilhelm Reich ou Herbert Marcuse verront dans la masturbation une énergie libératrice, un outil de connaissance de soi, à condition qu’elle ne soit pas aliénée par le refoulement social ou la culpabilité.
Aujourd’hui, la société oscille entre libération sexuelle affichée et culte de la performance. Dans ce contexte, la masturbation reste souvent banalisée, voire reléguée à une activité secondaire, moins “noble” que le sexe à deux : et pourtant, c’est l’acte sexuel le plus universel, le plus simple, utile, bon, facile, sans pression, un dialogue, un lien de soi à soi.
🧘 Masturbation méditative ou guidée : une révolution lente
Et pourtant la masturbation pressée et silencieuse se voit détrônée par certain-es qui choisissent aujourd’hui d’en faire un rituel lent, incarné, profondément conscient. A travers des pratiques baptisées :
- masturbation tantrique, qui s’inscrit dans une tradition de sacralisation du corps et de la sexualité (le “sexuel” comme force de vie),
- masturbation en pleine conscience (Mindful Masturbation), pratiquée sans porno ni stimulation extérieure, dans une attention au souffle, au rythme, aux sensations,
- masturbation guidée, souvent par l’audio, la voix, ou l’auto-suggestion,
- masturbation hypnotique, où l’imaginaire, la suggestion et la transe créent une sensualité amplifiée.
D’un point de vue neurologique, ces pratiques favorisent l’activation de zones plus complexes que celles mobilisées lors d’une masturbation rapide (cortex préfrontal, zones liées à l’imagerie mentale, à l’empathie ou à la mémoire émotionnelle). En ralentissant, le corps déverrouille d’autres portes : émotions, souvenirs, érotisme latent.
“J’ai pleuré pendant ma première masturbation guidée. Pas parce que c’était triste, mais parce que c’était la première fois que je me touchais avec amour.”
Élise, 38 ans
🌌 Un espace transformateur
Sous hypnose, la masturbation devient parfois une expérience mystique, ou tout du moins symbolique. Elle ne vise pas l’orgasme comme but, mais l’ouverture d’un espace intérieur. Ce moment devient :
- un ancrage corporel : je ressens vraiment mon bassin, mon souffle, mes tensions.
- une libération émotionnelle : des larmes, des rires, des souvenirs peuvent surgir.
- une transformation identitaire : exploration du genre, des fantasmes de domination, de transformation (body swap, feminization, sissification, etc.).
- un acte de souveraineté : je prends possession de mon plaisir, de ma narration.
Dans certaines traditions chamaniques ou tantriques, le plaisir sexuel n’est pas séparé de la spiritualité : il est même un canal vers le divin ou l’invisible. C’est ce que certains ressentent, aujourd’hui, dans les formes d’auto-érotisme conscientou de masturbation hypnotique immersive.
“J’ai compris que je pouvais jouir sans honte, sans performance, juste pour célébrer ma vie intérieure. C’était une révolution silencieuse.”
Témoignage d’un participant à un atelier de “Slow Pleasure”
🧠 Science et sensation
Des recherches en sexologie contemporaine (notamment celles de Lori Brotto ou Emily Nagoski) montrent que la qualité de l’expérience sexuelle n’est pas liée à l’intensité physique, mais à la présence mentale, la sécurité émotionnelle et l’attention portée aux sensations internes.
Autrement dit : se masturber vite et fort n’est pas “moins bien” ou “mieux” que se masturber lentement, consciemment. C’est juste une autre chose. Et le choix devient possible quand on comprend qu’on peut faire autrement. Qu’on peut jouer avec les deux, voire même inventer d’autres façons de faire…
⚖️ Entre pulsion et rituel : un équilibre à créer
Ce que propose la masturbation guidée, et l’hypnose érotique en particulier, c’est une autre voie : ni mieux, ni moralement supérieure, mais plus riche, plus vaste, plus nuancée. Un retour à soi. Un apprentissage du plaisir hors des modèles imposés.
Se masturber peut être une fuite. Ou un geste sacré.
Un automatisme. Ou un acte d’amour.
Une décharge. Ou un apaisement.
La différence ne se joue pas dans le geste… mais dans la conscience qu’on y met.
♀️♂️ Femmes, hommes, fluides : vécus très différents
L’hypnose érotique, comme la masturbation consciente, ne propose pas la même chose à chacun·e. Parce que le rapport au corps, au désir, à la sexualité est profondément genré, par la biologie, mais surtout par l’éducation, les normes, les récits qu’on nous a transmis.
Ce que l’on y cherche… ou ce que l’on y fuit… n’est pas tout à fait pareil.
🌺 Pour les femmes : se reconnecter, s’autoriser
Dans de nombreux récits féminins, l’hypnose érotique agit comme une clef d’accès au corps, corps souvent surcontrôlé, évalué, ou relégué à l’arrière-plan dans le quotidien.
L’ HE permet de ralentir le mental, de suspendre le jugement, et de laisser les sensations émerger sans devoir performer.
“Sous hypnose, je ne me demande plus si je suis ‘belle’, désirable, assez excitée. Je ressens. Point.”
Nadia, 29 ans
Pour beaucoup de femmes, la sexualité a été apprise à travers le plaisir de l’autre, la peur du trop (trop humide, trop lubrique, trop sauvage), ou l’idée d’être “bonne” plutôt que d’être bien, de se sentir bien. La masturbation guidée et la transe offrent un espace où le plaisir revient à soi.
Certaines y trouvent même des clés thérapeutiques :
- atténuation de douleurs sexuelles psychosomatiques (dyspareunie, vaginisme, douleurs…),
- libération de traumas mineurs ou de blocages liés à l’éducation,
- régulation de troubles du désir.
Des études récentes en psycho-sexologie (par ex. Brotto, 2011) confirment que la pleine conscience et l’imagerie dirigée(deux composantes essentielles de la HE) peuvent aider les femmes à retrouver du désir et du plaisir en contournant le saboteur mental.
🔥 Pour les hommes : ralentir, explorer autrement
Du côté masculin, l’enjeu est souvent inverse : ce n’est pas le mental qui freine le désir, mais l’automatisme qui le court-circuite. Beaucoup d’hommes grandissent avec une sexualité liée à la performance, au porno, au réflexe rapide. La masturbation devient une décharge, parfois désincarnée, et le plaisir est réduit à l’orgasme, point final.
“J’ai découvert que je pouvais avoir du plaisir sans jouir. Que mon corps avait d’autres rythmes. Ça a tout changé.”
Thomas, 35 ans
L’hypnose érotique permet ici d’ouvrir des nuances :
- ressentir plus que viser l’orgasme-décharge à tout prix,
- jouer avec la frustration,
- jouer avec le rythme, l’attente, l’intensité,
- maîtriser son excitation sans la refouler (ce que des pratiques comme le edging ou le semen retention proposent aussi),
- se reconnecter au corps, pas seulement au fantasme.
Certain-es hommes découvrent ainsi des plaisirs non-genrés, ou moins associés à la virilité classique : jouissance mentale, sensations diffuses, abandon à une voix, perte de contrôle volontaire… Une expérience de vulnérabilité positive, rare dans la socialisation masculine.
🌊 Pour les personnes fluides, queer, non-binaires : un espace libre
Là où le genre n’est pas figé, l’hypnose érotique devient parfois un laboratoire sensoriel, identitaire, fantasmatique. On peut y :
- incarner un autre corps,
- jouer avec sa voix intérieure,
- explorer des désirs transgenres ou “hors normes”,
- se découvrir sans miroir ni validation extérieure.
“Dans mes séances, je me sens fluide. Parfois garçon, parfois fille, parfois juste une sensation, un corps vivant.”
Jade, 24 ans, personne non-binaire
Là encore, la transe abolit les frontières habituelles : entre soi et l’autre, entre imagination et sensation, entre genre et corps. Pour les personnes queer ou marginalisées sexuellement, la HE peut être un refuge, un terrain d’affirmation ou de transformation.
🧠 Une chose en commun : l’écoute du désir
Malgré les différences de vécu, une constante revient :
la HE, comme la masturbation guidée, nous apprend à écouter notre désir au lieu de le fuir, de l’étouffer, ou de le précipiter.
Elle nous invite à :
- sentir quand le corps dit oui (ou non),
- savourer ce qui se construit dans l’attente,
- rencontrer le plaisir comme une expérience vivante, pas un objectif.
Et dans un monde saturé de bruit, d’images, de stress, ce simple retour au désir brut, intime, sincère… est déjà une révolution.
🧘 Pourquoi choisir la transe pour se masturber ?
On pourrait se demander : pourquoi “compliquer” ce qui est censé être simple ? Pourquoi s’offrir une séance de transe, d’écoute, de respiration, de mots murmurés, alors qu’un orgasme express est à portée de main, ou de clic ?
Justement parce que l’hypnose érotique propose autre chose :
pas mieux, différent : plus riche, plus profond, plus incarné.
🔍 Mieux sentir : ralentir pour mieux ressentir
En état hypnotique, le temps s’étire.
Ce qui, dans la masturbation rapide, serait effleuré, devient ici densifié :
- Les sensations s’approfondissent : le moindre frisson, la moindre caresse mentale, devient une vague.
- Le corps devient un paysage à explorer, au lieu d’un bouton à presser.
- L’orgasme change de forme : il peut être retardé, fractionné, énergétique, sans éjaculation, ou même absent, et pourtant pleinement satisfaisant.
🧠 Neurosciences : En transe, l’activité des zones sensorielles et émotionnelles du cerveau (insula, cortex somatosensoriel, amygdale) est augmentée, tandis que les circuits de contrôle (cortex préfrontal) s’assouplissent.
Résultat : on ressent plus, pense moins.
“Je croyais que je connaissais mon corps… jusqu’à ce que je le redécouvre sous hypnose.”
J., 36 ans
🧭 Être guidé·e : lâcher le contrôle, se laisser traverser
L’un des grands plaisirs de l’hypnose érotique, c’est de ne plus avoir à décider.
La voix mène. Le corps suit. On ne “fait” plus : on reçoit.
Cette passivité n’est pas une faiblesse, au contraire! C’est une porte d’accès à l’abandon, à la réceptivité pleine. Elle ouvre des états inaccessibles autrement, notamment :
- le sub drop mental (après un lâcher-prise intense),
- le hypno-float (flottement sensoriel entre veille et rêve),
- ou encore des expériences d’orgasme induit par suggestion seule, sans toucher.
Pour beaucoup, cette guidance est aussi une forme de soumission douce, une dynamique érotique en soi : obéir, céder, se laisser modeler.
“C’était comme être pris en charge. Je pouvais juste ressentir, sans faire d’effort. Et c’était terriblement excitant.”
Témoignage audio, anonyme
🧬 Explorer autrement : fantasmes et fictions incarnées
La transe permet d’explorer des dimensions du désir impossibles dans la réalité physique, ou difficilement accessibles seul·e :
- Domination vocale ou mentale : se laisser guider par une voix autoritaire, sensuelle, ou protectrice.
- Transformation du corps : féminisation, masculinisation, animalisation, changement de taille, d’organes, etc.
- Triggers hypnotiques : un mot déclenche une sensation, une posture, un état.
- Scénarios immersifs : prisonnièr-e, esclave, adoré-e, transformé-e…
Ces expériences permettent d’incarner ses fantasmes au lieu de simplement les imaginer. Et l’impact peut être durable : la suggestion laisse une trace, une mémoire sensorielle.
🎭 Anthropologie du désir : Le cerveau ne fait pas la différence entre un souvenir réel et une suggestion vivace. C’est ce qui rend les fantasmes vécus sous hypnose émotionnellement vrais.
🪞 Travailler sur soi : quand le plaisir devient outil de transformation
Cela peut surprendre, mais pour certaines personnes, la HE devient aussi un terrain thérapeutique ou existentiel.
- 🔁 Réguler l’excitation : apprendre à ne pas se précipiter, à durer plus longtemps, à choisir quand et comment jouir.
- 🧍 Améliorer son image corporelle : ressentir que son corps est désirable, vivant, capable de plaisir.
- ⚧️ Explorer ou affirmer son genre : habiter un corps rêvé, traverser des scénarios genrés, faire la paix avec son identité.
- ❤️🔥 Reconstruire un lien au désir après un trauma, une rupture, une phase d’abstinence ou de honte.
“Pour moi, l’hypnose érotique a été plus qu’un fantasme. C’est devenu un moyen de me réapproprier mon corps, de réouvrir une porte que j’avais refermée depuis des années.”
Léna, 42 ans
🌌 Une pratique, mille usages
Méditation ? Jeu sexuel ? Exploration identitaire ? Auto-thérapie ?
La masturbation sous transe n’est jamais juste une masturbation.
C’est une expérience qu’on construit, qu’on vit, et parfois qu’on relit longtemps après.
🛑 Est-ce que c’est toujours positif ?
Non. Comme toute pratique liée au plaisir, à l’imaginaire et à la répétition, l’hypnose érotique, et en particulier la masturbation hypnotique, peut aussi devenir un piège.
Pas en soi. Mais selon la manière dont on y entre, et surtout selon ce qu’on y cherche… ou fuit.
📉 Quand le rituel devient refuge… ou fuite
La masturbation hypnotique est souvent vécue comme un rituel réparateur, transformateur, jouissif. Mais lorsqu’elle devient répétitive, compulsive, isolée, certains signes peuvent alerter :
- On a besoin de la transe pour jouir — impossible autrement.
- On cherche sans cesse de nouveaux fichiers, de nouvelles voix, sans vraie satiété.
- On remplace l’intimité avec autrui par une consommation privée et cyclique.
- On culpabilise, mais on recommence — sans plaisir réel, ni élévation.
🧠 Psychologie comportementale : Les mécanismes de la suggestion + orgasme créent une circuiterie de récompense très efficace. En cas de mal-être ou d’isolement, cette boucle peut devenir addictive.
Ce n’est pas la transe qui est en cause, mais l’usage que l’on en fait, comme avec la pornographie, l’addiction, les jeux de rôle ou même la méditation.
🎙️ La responsabilité des créateur-rices
Tout créateur ou créatrice de contenu hypnotique érotique porte une part de responsabilité éthique :
- Encourager la conscience de soi, l’autonomie, la sécurité psychique.
- Éviter les formats manipulateurs ou à récompense automatique sans mise en garde.
- Intégrer des mots de fin clairs, des suggestions de réintégration, de respiration, d’auto-réflexion.
- Inviter à varier les expériences : seul-e, en duo, sans transe, en mouvement, dans le silence, etc.
Certain-es praticien-nes choisissent d’ajouter des rappels de consentement et d’ancrage à leurs fichiers, ou de proposer des temps de parole autour de la pratique. C’est une manière d’honorer la puissance du médium sans en abuser.
⚖️ L’hypnose ne remplace pas, elle enrichit
Il est crucial de se rappeler ceci :
L’hypnose érotique ne remplace pas une sexualité consciente, incarnée, relationnelle. Elle peut l’enrichir, l’ouvrir, la révéler.
Mais si elle devient le seul espace de plaisir, d’imaginaire ou d’intimité, alors il est peut-être temps d’en reparler, de l’interroger.
La vraie puissance de cette pratique, c’est de nous reconnecter à nous-mêmes, pas de nous couper des autres ou du monde.
❤️ Masturbation et hypnose ne sont pas forcément liées.
Mais quand elles s’entrelacent, elles peuvent transformer radicalement l’expérience du plaisir.
Ce n’est plus juste une décharge ou un automatisme.
C’est une pratique intime, une exploration consciente, un rituel parfois sacré.
C’est une manière de :
- Se retrouver avec soi-même, sans performance.
- Explorer son imaginaire et ses sensations en profondeur.
- Réinventer sa sensualité, à son rythme, dans sa vérité.
Alors, la prochaine fois que tu sens monter le désir,
la prochaine fois que tu as envie de “te faire du bien”…
Pose-toi la question :
Est-ce que je veux juste me vider…
ou m’emplir ?
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