On vit dans un monde hyperconnecté et souvent hypermental, beaucoup d’entre nous vivent coupés de leur corps, comme décalés d’eux-mêmes, toujours dans la tête à se poser 100000 questions, à envisager 400000 scénarios, à « se faire des films ».
Le plaisir, la sensualité, l’érotisme, loin d’être des évidences, peuvent devenir des territoires oubliés, voire angoissants. Stress, traumas, injonctions sociales ou simplement le rythme effréné de la vie nous poussent à nous déconnecter, parfois sans même le réaliser. Et on vit dans une sensation d’irréalité corporelle, coupée de la plus grande et mystérieuse partie de soi. (Tiens, et si d’ailleurs c’était ce mystère qui avait crée cette injonction?)
Pourtant, ce corps que l’on croit parfois étranger est le lieu même de notre sensualité, de notre vitalité, de notre pouvoir intime et érotique, notre puissance sexuelle.
Se reconnecter à cette part profonde de soi, à ce flux d’énergie et de sensations, c’est s’offrir un retour à la vie corporelle, sensuelle, une renaissance sensorielle.
Ici, dans cet article je t’invite à comprendre pourquoi et comment cette coupure arrive, ce qu’elle provoque, et surtout, comment avec douceur, patience et les bons outils, tu peux renouer avec ton plaisir, à ton rythme, sans pression.
Je te propose de plonger ensemble dans ce voyage intérieur, mêlant neurosciences, psychologie, philosophie et pratiques concrètes pour réapprendre à habiter pleinement ton corps, à t’aimer, à jouir.
Le corps et la tête : histoire d’une séparation

Depuis des siècles, notre rapport au corps est marqué par une fracture profonde entre la pensée et la sensation, entre la tête et le corps. Cette séparation puise ses racines dans les religions (le beurk des passions venues du corps) et (on enfonce le clou)la philosophie cartésienne du XVIIe siècle, avec René Descartes et son fameux dualisme. Selon lui, l’âme et le corps sont deux substances distinctes : la pensée et la matière. Cette idée a profondément influencé la culture occidentale, et a conduit à une vision où la raison domine, et où le corps, souvent perçu comme une machine que l’on doit maitriser ou comme un objet qui doit être utilisé, est dévalorisé. La sexualité, en tant que manifestation du corps, s’en est trouvée marginalisée, enfermée dans la sphère du “vice” ou du “péché”.
Au fil des siècles, cette séparation s’est renforcée par des normes sociologiques et culturelles. Dans beaucoup de sociétés occidentales, le corps a été soumis à des règles strictes, où le plaisir, surtout sexuel, était réprimé, caché, voire diabolisé. Le tabou autour de la sexualité a souvent conduit à la culpabilité, à la honte, et à une dissociation croissante entre ce que l’on ressent et ce que l’on “devrait” penser ou faire.
La psychanalyse, avec Freud, totalement dissonant avec son époque!, a tenté de donner un nouveau souffle à cette question. Il a voulu montrer que le plaisir est une force vitale essentielle, mais que notre culture le refoule, provoquant conflits internes, angoisses et blocages. Freud a aussi mis en lumière la complexité des pulsions, la façon dont elles se mêlent à l’inconscient, et comment les traumatismes peuvent creuser un fossé entre le corps et l’esprit, générant des dissociations qui entravent le plaisir.
Ainsi, cette histoire longue et complexe, encore en vigueur dans nos sociétés qui valorisent maitrise de soi, productivisme, pression à la performance, culte du corps « parfait » (on reste encore très national-socialisme…), explique pourquoi, pour beaucoup, renouer avec le corps et le plaisir est un vrai défi, une tâche qui demande du temps, de la patience, et parfois un accompagnement pour réparer cette fracture entre la tête et le corps.
Les mécanismes neuropsychologiques du blocage du plaisir

Quand on parle de coupure avec son corps et son plaisir, il ne s’agit pas seulement d’une expérience émotionnelle ou psychologique, mais aussi d’un phénomène profondément ancré dans notre cerveau et notre système nerveux.
Le stress intense, les traumatismes passés (parfois même « anodins »*), les expériences douloureuses, qu’elles soient conscientes ou enfouies dans l’inconscient, activent des mécanismes de protection chez notre organisme. Notre cerveau, pour nous préserver d’un danger réel ou perçu, déclenche la fameuse réponse “fight, flight, freeze” : combattre, fuir ou se figer. Dans ces moments, l’amygdale, cette petite zone cérébrale qui gère la peur et les émotions, prend le dessus, tandis que le cortex préfrontal, siège de la raison et du contrôle conscient, se met en retrait.
Cette réaction de survie a pour effet de couper les sensations agréables, de diminuer la conscience du corps, et de limiter la capacité à ressentir. Notre libido peut s’en trouver affectée, comme si notre corps “fermait boutique” pour se protéger. Le plaisir devient alors difficile d’accès, voire absent.
Heureusement, le cerveau est plastique : il peut se remodeler, s’adapter, réapprendre. Grâce à des pratiques douces et adaptées, comme l’hypnose corporelle, la méditation, la thérapie corporelle, il est possible de réouvrir ces voies de sensation, de restaurer une connexion intime entre le corps et l’esprit, et petit à petit, de retrouver le goût du plaisir.
Reconnecter avec son corps, c’est aussi offrir à son cerveau une nouvelle expérience : celle d’une sécurité retrouvée, d’une bienveillance intérieure, qui permet au plaisir de reprendre sa place naturelle.
La psychologie de la reconnexion

Se reconnecter à son corps et à son plaisir passe aussi par un travail psychologique profond, qui demande du temps, de l’attention et beaucoup de douceur envers soi-même.
L’un des outils les plus puissants est l’attention corporelle, ou pleine conscience (mindfulness). En apprenant à porter notre attention, sans jugement, sur les sensations, les mouvements, la respiration, on réapprend à habiter son corps, à l’écouter. Cette présence à soi-même crée un espace sécurisé où le plaisir peut doucement émerger.
Mais la sexualité est aussi une affaire d’émotions, souvent complexes. La honte, la culpabilité, les émotions refoulées liées à l’éducation, à la culture ou aux expériences passées peuvent former des barrières invisibles au plaisir. Comprendre et accueillir ces émotions est essentiel pour les dépasser. C’est là que des approches comme la thérapie somatique ou l’hypnose érotique entrent en jeu : elles travaillent sur le corps et le psychisme ensemble, aidant à libérer ce qui est bloqué, à réintégrer les sensations dans un cadre bienveillant.
Le consentement intérieur, c’est cette capacité à se dire “oui” à soi-même, à reconnaître ses limites, ses envies, sans se forcer. C’est s’autoriser à avancer à son rythme, sans pression, avec patience et auto-compassion. Ce chemin vers soi est une invitation à redevenir l’ami-e tendre et respectueux-se de son propre corps et de son désir.
L’hypnose comme outil de reconnexion sensuelle

L’hypnose se révèle être un précieux allié pour celles et ceux qui souhaitent renouer avec leur corps et leur plaisir, notamment quand des blocages profonds freinent cette reconnexion.
Au cœur du processus hypnotique, il y a cette capacité unique à accéder à un état de conscience modifié, entre veille et sommeil, où le mental critique se met en pause. Ce relâchement ouvre la porte aux sensations enfouies, permet de ressentir autrement, plus intensément. Le cerveau, alors, peut réapprendre à accueillir le plaisir, sans peur ni jugement.
Dans le cadre des traumatismes sexuels ou émotionnels, l’hypnose érotique agit aussi comme un espace sécurisé, une bulle protectrice où il devient possible de déconstruire doucement les blessures passées. Grâce aux suggestions bienveillantes et aux visualisations, on peut revisiter ces expériences avec un autre regard, apaiser la mémoire corporelle et restaurer la confiance en soi et en son corps.
Pour aller plus loin, il existe des exercices d’auto-hypnose guidée qui invitent à explorer son corps, à s’autoriser à ressentir, à s’enraciner dans l’instant présent. Par exemple, se concentrer sur la respiration et imaginer une lumière chaude qui circule dans chaque partie du corps, ou encore visualiser des zones de plaisir qui s’éveillent peu à peu.
De nombreux témoignages racontent ce chemin de guérison et de découverte. Comme celui d’une personne ayant vécu une difficulté à jouir, qui a retrouvé un plaisir profond et apaisé grâce à des séances régulières d’hypnose érotique, ou d’une autre qui a pu dépasser sa peur du contact corporel en se laissant guider dans la transe.
L’hypnose, en conjuguant douceur, sécurité et profondeur, offre un véritable espace pour réapprendre à aimer son corps, dans toute sa richesse et sa complexité.
La tendance actuelle : réappropriation du corps et retour à la sensualité

Aujourd’hui, plus que jamais, on assiste à un véritable mouvement de réappropriation du corps et de la sensualité, un retour qui n’est pas seulement physique, mais profondément politique et émotionnel. Portés par les vagues féministes, queer et body positive, ces courants invitent à déconstruire les normes, à briser les tabous, et surtout à accueillir son corps tel qu’il est, avec ses singularités et ses fragilités.
Cette révolution intérieure se nourrit aussi des pratiques anciennes réinterprétées : le tantra, la méditation, le slow sex… Ces approches partagent une philosophie commune, celle de la lenteur, de la conscience accrue, d’un plaisir qui ne cherche pas seulement la jouissance rapide mais l’expérience pleine, incarnée, connectée.
Dans ce paysage en pleine effervescence, les outils digitaux comme les audio-guides, les séances d’hypnose ou les méditations guidées prennent une place centrale. Ils offrent un accès intime, flexible et personnalisé à ces pratiques, permettant à chacun·e de s’explorer, de s’apaiser et de se réinventer à son rythme.
Ce retour à la sensualité ne se résume pas à une technique ou à un rituel isolé, c’est une invitation à une approche holistique, qui considère le corps, la tête, le cœur et l’esprit dans leur unité, dans leur fragilité aussi. C’est un chemin de bienveillance envers soi-même, une révolution douce qui, peu à peu, transforme notre manière d’habiter le plaisir et le désir.
Et pour terminer

La reconnexion à son corps et à son plaisir est souvent un chemin long, parfois sinueux, mais toujours possible. Chaque petit pas que tu fais vers toi-même compte, même les plus discrets.
Il s’agit avant tout d’un voyage d’écoute, de douceur et de patience envers soi-même, loin des jugements et des attentes. Se redécouvrir sensuellement, c’est s’offrir un cadeau précieux, un acte à la fois profondément personnel et, en même temps, politique, car il remet en question les normes et les injonctions qui nous éloignent de notre authenticité.
Si tu cherches des compagnons de route bienveillants, des outils pour t’accompagner en douceur dans ce retour à toi, je t’invite à découvrir les audios et pratiques d’Xbysonia. Parce que prendre soin de son plaisir, c’est aussi prendre soin de soi, pleinement.
* par anodin, je veux dire que des allusions, des critiques, des comparaisons, des « conseils » amicaux, parentaux…, des regards, des « viols scopiques », des étreintes trop appuyés, des frôlements, des gestes qui pouvaient et peuvent encore sembler superficiels, ou innocents peuvent avoir des répercutions sur le schéma du corps, son interprétation, et enfermer la personne dans un stéréotype sécurisant.
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